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La carte bancaire va devenir biométrique et se dématérialiser

La carte sans contact biométrique, conçue par Oberthur Technologies-Morpho (devenu Idemia), est équipée d'un lecteur d'empreinte digitale. Encore au stade du prototype, elle sera testée courant 2018 avec des clients "avertis". (Crédits : CB)

 

Concurrencé par le numérique, le moyen de paiement préféré des Français doit se réinventer. La carte sans contact sera bientôt équipée d’un lecteur d’empreinte digitale pour valider des paiements plus importants. L’arrivée du paiement instantané risque de lui prendre des parts de marché mais la carte.

Ce petit rectangle de plastique, qui est devenu le moyen de paiement préféré des Français depuis 2003, survivra-t-il à la vague numérique ? Le sujet était au cœur des débats du Forum CB organisé ce jeudi par le Groupement cartes bancaires CB à Paris. Le président du conseil de direction du GIE, Pascal Célérier, par ailleurs directeur général adjoint de Crédit Agricole S.A., en charge du pôle fonctionnement et transformation, a fait valoir que l'usage de la carte est loin d'être en déclin :

« Le digital va-t-il tuer la carte bancaire ? C'est la théorie de certains, mais dans la pratique, on constate que la CB ne s'est jamais aussi bien portée,  avec plus de 12 milliards de transactions en 2016 et près de 600 milliards d'euros de chiffre d'affaires, c'est-à-dire 40% des dépenses de consommation interne des ménages français », a relevé Pascal Célérier.

« Les banquiers savent dématérialiser, la carte a été dématérialisée et téléportée dans le smartphone, par exemple avec Paylib. La carte, ce n'est pas le plastique, c'est tout le système technique de lutte contre la fraude et le réseau d'acceptation », a-t-il souligné.

Cependant, la solution franco-française Paylib de paiement en ligne n'est pas universelle : conçue au départ par la BNP, la Société Générale et la Banque Postale, rejointes par le Crédit Agricole, les Banques populaires et Caisses d'Epargne et Crédit Mutuel Arkéa, elle a été étendue au paiement mobile (sous Android) sans contact en magasin. Elle décolle très doucement : elle approche du million d'utilisateurs sur plus de 40 millions de porteurs de cartes. Paylib doit notamment affronter la concurrence de Paypal mais aussi de toutes les solutions propriétaires comme Apple Pay pour iPhone (les données d'usage sont confidentielles), Android Pay, Samsung Pay.

Argent plastique et empreinte digitale

Le Groupement Cartes Bancaires ne possède pas de statistiques sur le paiement mobile, qui est reconnu par le terminal en magasin comme une transaction sans contact. Or, les Français se sont clairement mis au sans-contact, qui explose : le nombre de transactions est en croissance à trois chiffres et a doublé depuis un an. Il devrait dépasser le milliard sur l'ensemble de l'année et de l'ordre de 11 milliards d'euros.

Le passage progressif du plafond sans code de 20 à 30 euros, désormais officiel mais seulement pour les cartes nouvellement émises, va encore doper les usages. Cependant, une innovation permettra bientôt de s'affranchir de ce seuil et du code : la carte biométrique. Présentée au Forum CB, cette carte, développée par Oberthur Technologies-Morpho (rebaptisé récemment Idemia), intègre un lecteur d'empreinte digitale mais n'est pas plus épaisse qu'une carte classique, donc compatible avec les terminaux existants.

Encore au stade de prototype, cette carte biométrique sans contact fera l'objet d'expérimentations pilotes avec des clients « avertis » dans le courant de 2018. Cet ajout de la biométrie pourrait convaincre les derniers consommateurs réticents à utiliser le sans contact, alors que les cas de fraude sont pourtant « caractérisés quasi exclusivement par le vol de la carte et sans vulnérabilité technologique avérée sur ce canal de paiement », selon l'observatoire de la sécurité des moyens de paiements de la Banque de France.

Paiement en temps réel

Or, la biométrie est plutôt bien perçue par les Français. Selon la dernière enquête annuelle Digital Payments Study de Visa, 79% des consommateurs français considèrent que « les solutions biométriques offrent un moyen sûr d'authentification », et ce, tant chez les baby-boomers que chez les Millennials. Le scan des empreintes digitales et de l'iris de l'oeil sont perçus comme « les moyens les plus sûrs d'authentification biométrique » (71% et 68%, respectivement).

Cette technologie pourrait donc donner une nouvelle jeunesse à la carte. Cependant, l'arrivée du paiement instantané dans toute l'Europe l'an prochain risque de lui faire de la concurrence. Ce virement en temps réel, irrévocable, sera bien accueilli par les commerçants mais sera sans doute davantage plébiscité pour les transferts d'argent entre particuliers que pour les gros achats, alors que certaines cartes permettent le débit différé.

 « L'Instant Payment va trouver son usage, il y aura plutôt cohabitation que réelle concurrence », a estimé Loÿs Moulin, le directeur du développement du Groupement CB.

Source : http://www.latribune.fr