Désigné à tort comme voleur par la reconnaissance faciale
Un Américain obtient 300.000 dollars
Robert Williams avait été arrêté pour un vol commis en 2018 mais a réussi à prouver son innocence et à faire évoluer la réglementation autour de la reconnaissance faciale
En 2020, Robert Williams, un homme noir habitant à Détroit, dans le Michigan, a été arrêté devant sa femme et ses deux filles. Accusé à tort par la reconnaissance faciale, d’avoir volé des montres dans un magasin deux ans plus tôt. Il a passé trente heures dans une prison de Détroit (Etats-Unis).
Or, ce père de famille était bel et bien innocent et son combat pour obtenir réparation a été entendu. Robert Williams a ainsi reçu 300.000 dollars de dédommagement, soit plus de 279.000 euros, mais pas seulement. En plus de verser 300.000 dollars à cet homme arrêté à tort, la ville de Détroit va imposer des changements concernant la manière dont la reconnaissance faciale est utilisée par la police.
C’est l’une des conditions de l’accord conclu dans le cadre du procès intenté au nom de Robert Williams. Celui-ci a été annoncé vendredi 28 juin par l’association American Civil Liberties Union (ACLU) et la Civil Rights Litigation Initiative de la faculté de droit de l’université du Michigan.
C’est bien à cause de cette technologie qu’il a été interpellé à tort.
Son cas est l’un des trois cas connus d’arrestation injustifiée où la police de Détroit s’est appuyée sur la technologie de reconnaissance faciale. Les trois personnes arrêtées étaient toutes de race noire", a déclaré la Civil Rights Litigation Initiative dans un communiqué.
Les personnes de couleur mal identifiées
L’homme s’est donc mobilisé pour un meilleur encadrement de celle-ci et a obtenu la mise en place d’un nouveau règlement. D’autant qu’il ne serait pas le premier à avoir été arrêté sur la base d’une reconnaissance faciale défectueuse, selon le New York Times.
Depuis, plusieurs autres personnes se sont retrouvées dans la même situation, dont au moins deux suspects interpellés par la police de Détroit. Certaines villes ou Etats ont décidé de suspendre l’utilisation de cette technologie, en raison de la protection de la vie privée et des préjugés raciaux. Les personnes de couleur ou les femmes seraient les plus susceptibles d’être mal identifiées.
Une évolution dans le règlement
Dans le Michigan, les images d’un crime ou délit sont comparées par les photos figurant dans une base de données de photos d’identité ou de permis de conduire. Le nouveau règlement prévoit plusieurs éléments, dont un majeur : il ne sera pas possible de montrer à un témoin la photo d’un suspect identifié via la reconnaissance faciale sans autres preuves le reliant au crime.
De plus, la police devra suivre une formation sur cette technique, ses risques et ses dangers. Un audit doit également être mené sur tous les cas où la reconnaissance faciale a été utilisée pour obtenir un mandat d’arrêt depuis 2017. Si certains craignent encore les abus liés à cette technologie, d’autres reconnaissent que ce nouveau règlement constitue une belle avancée.
Eviter les arrestations injustifiées
La reconnaissance faciale est en effet connue pour avoir du mal à identifier les personnes de couleur et les femmes. Fin 2022, un Afro-Américain a par exemple passé une semaine en prison après avoir été accusé à tort de vol dans un État où il n’avait jamais mis les pieds par cette technologie.
"Le plus effrayant, c’est que ce qui m’est arrivé aurait pu arriver à n’importe qui", a déploré Robert Williams, indiquant que cette arrestation a "complètement bouleversé ma vie".
Outre l’indemnisation de la victime, l’accord inclut des changements concernant la manière dont la police de Détroit utilise la reconnaissance faciale pour éviter ces arrestations à tort. Elle ne pourra notamment plus arrêter une personne en se basant uniquement sur cette technologie.
"Nous espérons que ce règlement novateur permettra non seulement d’éviter de nouvelles arrestations injustifiées de Noirs à Détroit, mais aussi qu’il servira de modèle aux autres services de police qui insistent pour utiliser la technologie de reconnaissance faciale", a déclaré Michael Steinberg, qui a représenté Robert Williams avec des étudiants de l’université de Michigan.
Sources : https://www.20minutes.fr - https://www.bfmtv.com