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Méga-fichier européen biométrique

Crédit : eu-LISA

En 2023, il sera possible de rechercher en un clic l’identité d’un individu à partir d’un portrait ou d’une empreinte digitale au sein d’une énorme base de données européenne. Un chantier au long cours qui concerne plus de 400 millions de ressortissants de pays tiers.

En avril 2019, le Parlement européen avait donné son feu vert à la création d’une base de données qui regrouperait outre des informations, des empreintes digitales et des photos de millions de citoyens - européens et non-européens - qui franchissent les frontières de l’espace Schengen. Une sorte de «méga» fichier biométrique européen, dont l’objectif est d’améliorer «l’échange de données entre les systèmes d’information de l’UE pour gérer les frontières, la sécurité et les migrations», selon le site de l’institution. Il s’appliquera aux personnes qui ont besoin d’un visa de court séjour et aux ressortissants de pays tiers exemptés de l’obligation de visa, et remplacera l’obligation d’apposer un cachet sur le passeport des ressortissants de pays tiers.

Baptisé Common Identity Repository (CIR), cette métabase permettrait d’interroger en une fois plusieurs bases de données: le système d’information Schengen, Eurodac (le registre européen des empreintes digitales des demandeurs d’asile), le système d’information sur les visas (VIS), le futur système européen de casiers judiciaires pour les ressortissants de pays tiers (ECRIS-TCN), et le système européen d’information et d’autorisation des voyages (ETIAS). Destiné aux douanes, aux forces de police et aux autorités judiciaires, ce système d’information doit leur permettre de rechercher des personnes par nom, par empreinte digitale ou par photo, et de croiser les informations de ces différentes bases de données sur une personne.

Ce système partagé de correspondances biométriques (sBMS) va être développé par un consortium français : l’Agence de l’Union européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d’information à grande échelle au sein de l’espace de liberté, de sécurité et de justice (eu-LISA) a en effet confié le contrat-cadre à IDEMIA et Sopra Steria. Le groupe devra livrer ce système d’ici 2022, qui aboutira l’année suivante à un portail de recherche.

Un des systèmes biométriques les plus importants

Pour mener à bien techniquement ce projet qui doit voir le jour en 2022, l’Union européenne a lancé un appel d’offres. Deux sociétés françaises ont été retenues: Idemia et Sopra Steria. L’agence de l’Union européenne pour la gestion opérationnelle des systèmes d’information à grande échelle au sein de l’espace de liberté, de sécurité et de justice (eu-LISA) a choisi ce consortium pour un contrat-cadre de quatre ans, prolongeable. Le contrat prévoit un budget de 302 millions d’euros. «Je suis convaincu que ce consortium apporte la meilleure solution et offre de service pour accompagner eu-LISA dans la réalisation de ses défis et pour fournir le futur système biométrique partagé à haute valeur ajoutée pour ses utilisateurs» indique Laurent Giovachini, le directeur Général Adjoint de Sopra Steria.

«Ce système de correspondance biométrique partagé (...) deviendra l’un des systèmes biométriques les plus importants au monde lorsqu’il intégrera toutes les bases de données biométriques existantes et futures de l’Union européenne» précise le communiqué. En centralisant des données sur plus de 400 millions de personnes, ce système arrivera derrière les bases dont disposent actuellement la Chine et l’Inde. Les États-Unis possèdent aussi une base de données similaire avec le département des douanes et de la protection des frontières (CBP) et le Federal Bureau of Investigations. Outre les problématiques d’interopérabilité, les points cruciaux à résoudre seront les questions relatives à la sécurité et à la protection de la vie privée.

Protéger les frontières extérieures de l’espace Schengen

Le sBMS sera l’un des plus grands systèmes biométriques au monde avec sa base de données qui stockera les portraits et les empreintes digitales de plus de 400 millions de ressortissants. Ce projet répond aux besoins d’identification du nouveau système européen d’entrée/sortie (EES), « élément central de la protection des frontières européennes », explique le consortium dans le communiqué.

L’espace Schengen, qui regroupe 26 pays européens où les individus peuvent se déplacer librement, est nécessaire à la libre circulation des personnes. Cela ne signifie pas, aux yeux de l’eu-LISA, d’ouvrir aussi les frontières extérieures. Le système sBMS exploite des technologies biométriques qui permettront de « lutter contre l’immigration clandestine et la criminalité transfrontalière ». Il a vocation à intégrer toutes les bases de données biométriques existantes et futures de l’Union européenne.

Le sBMS aura aussi pour vocation à contribuer aux différents systèmes européens déjà en service, comme le le système d’information Schengen (SIS), le système d’information des visas (VIS), ou encore Eurodac (base de données européenne des empreintes digitales des demandeurs d’asile).

IDEMIA se présente comme le leader mondial de « l’identité augmentée » visant à sécuriser l’identité des individus. Sopra Steria est un des leaders européens du conseil, des services numériques et de l’édition de logiciels. Le contrat de quatre ans, qui pourra se prolonger six ans de plus, est facturé 302 millions d’euros.

Sources : https://www.journaldugeek.com - https://www.lefigaro.fr