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Une reconnaissance faciale cryptée

 De nombreux lieux de notre vie quotidienne sont scrutés en permanence par des dispositifs sécuritaires basés sur la reconnaissance faciale. (Photo d'illustration) © Getty Images - John Lund
De nombreux lieux de notre vie quotidienne sont scrutés en permanence par des dispositifs sécuritaires basés sur la reconnaissance faciale. (Photo d'illustration) © Getty Images - John Lund

Des chercheurs et ingénieurs français ont mis au point le premier dispositif de reconnaissance faciale entièrement crypté. L’objectif de ce système est de se conformer aux directives européennes du Règlement général de la protection des données qui n’autorise pas, sans son consentement, à identifier une personne en se servant de ses données biométriques.

Entreprises privées, administrations, écoles, aéroports, gares, de nombreux lieux de notre vie quotidienne sont scrutés en permanence par des dispositifs sécuritaires basés sur la reconnaissance faciale. Les données personnelles que ces systèmes récupèrent sont qualifiées de sensibles par de nombreuses législations dans le monde.

La réglementation européenne sur le traitement informatique de ces informations biométriques, qui est stricte, repose sur un principe d’interdiction. L’identification d’une personne physique et de manière unique, à l’aide de ces technologies, n’est pas autorisée. C’est la raison pour laquelle des chercheurs et ingénieurs français ont expérimenté et mis au point le premier dispositif au monde de reconnaissance faciale qui est entièrement crypté, nous précise Ayman Alfalou, chercheur au laboratoire LabISEN et Directeur de recherche de l'école d'ingénieur ISEN, Yncréa Ouest.

« Notre idée a été de transformer l’image captée par un dispositif de reconnaissance faciale en une information cryptée et d’identifier la personne à partir de ces données chiffrées, explique-t-il. Par exemple, dans le cadre d’une enquête, la police va introduire la photo d’un individu qu’elle recherche dans notre base de données. L’image sera d’abord cryptée et cette signature numérique chiffrée correspondra à celle de la personne dans la rue, si elle passe devant une caméra. »

« Dans cet exemple, poursuit Ayman Alfalou, nous distinguons deux cas de figures : soit la personne dispose déjà d’une signature cryptée dans notre base, soit la personne qui passe devant les caméras n’est pas recherchée et son image qui apparait à l’écran de façon illisible ne permet pas de l’identifier. Ce dispositif peut être employé pour sécuriser l’accès à un bâtiment, mais aussi utilisé pour sécuriser des lieux publics et étudier les comportements de façon totalement anonyme des personnes qui déambulent dans les rues. »

« Notre laboratoire LabISEN a passé un contrat avec la ville de Nice pour déployer ce procédé dans le cadre de son projet Safe City qui consiste à sécuriser l’agglomération, suite aux attentats de 2015 », ajoute le chercheur.

Ce dispositif de reconnaissance faciale crypté qui a fait l’objet de 50 publications scientifiques est maintenant breveté. La version finalisée du prototype devrait normalement sortir des laboratoires d’ici à la fin 2021 et trouver immédiatement sa place dans des gares, des centrales nucléaires, des grands magasins et tous les lieux dits sensibles qui accueillent du public. Mais qu’elles soient cryptées ou non, ces technologies biométriques d’identification qui nous suivent constamment à la trace relancent le débat en Europe concernant leur utilisation possible pour procéder, sans le consentement des citoyens, à une surveillance de masse.

Source : https://www.rfi.fr/fr