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L’adermatoglyphie

Dans cette famille, personne n'a d'empreinte digitale

Les empreintes digitales se forment normalement entre la 16e semaine et la 25e semaine de grossesse chez le fœtus. © Undy, Adobe Stock

L'adermatoglyphie est une très rare malade génétique se traduisant par l'absence d'empreinte digitale sur les doigts et les pieds. Même si elle n'a pas de répercussion grave au niveau de la santé, elle cause de nombreux problèmes dans la vie de tous les jours.

Apu Sarker, 22 ans, vit avec sa famille dans un village du district de Râjshâhî au nord-ouest du Bangladesh. Mais il rencontre de gros problèmes administratifs. Le jeune homme est incapable d'acheter une carte Sim pour son téléphone ou d'obtenir un permis de conduire ou un passeport en bonne et due forme. Sur sa carte d'identité, à la place où figurent normalement les empreintes digitales, il est écrit « pas d'empreinte ». Car Apu, comme neuf autres membres de sa famille, est atteint d'une maladie congénitale très rare appelée adermatoglyphie, qui se manifeste par l'absence d'empreintes digitales

L’adermatoglyphie, une rare maladie congénitale

Normalement, les empreintes digitales se dessinent entre la 16e et la 25e semaine de grossesse, lorsque la peau est malléable, et dépendent à la fois de facteurs génétiques et de l'environnement intra-utérin. Mais chez les personnes atteintes d'adermatoglyphie, le gène SMARCAD1 est altéré, de telle sorte qu'il empêche de coder la protéine correspondante et que le fœtus ne développe aucun dessin sur ses doigts. Cela se traduit par l'absence de crêtes épidermiques au niveau des paumes et des plantes des pieds. L'adermatoglyphie est souvent associée à une restriction du nombre d'ouvertures des glandes sudoripares, ce qui conduit à une sécheresse de la peau au niveau des paumes et des plantes des pieds. Cette affection est extrêmement rare. Seuls quatre cas avaient été décrits en 2011, selon une étude du Journal of the American Academy of Dermatology. Mais, comme le gène SMARCAD1 est dominant, un seul chromosome porteur suffit à déclencher la maladie, ce qui explique pourquoi plusieurs membres d'une même famille sont généralement atteints.

Tant que les empreintes digitales n'étaient pas couramment utilisées, la maladie est passée inaperçue. Elle a été découverte en 2007, lorsqu'une femme suisse a été refoulée à la frontière américaine. Les agents des douanes se sont aperçus qu'elle n'avait pas d'empreinte digitale, et les scientifiques ont alors procédé à des analyses ADN de toute la famille. Le dermatologue, auteur de cette découverte, a du coup surnommé cette affection « maladie de l'immigration ».

La « maladie de l’immigration »

Même si elle ne cause aucun symptôme secondaire grave, l'adermatoglyphie a des répercussions très ennuyeuses dans la vie de tous les jours. « J'ai passé avec succès l'examen de conduite, payé le permis, mais je n'ai pas pu obtenir le papier officiel parce que je n'ai pas pu fournir d'empreinte digitale », décrit ainsi Apu Sarker à la BBC. Comme il faut s'inscrire sur un registre biométrique pour acheter une carte Sim, tous les hommes de la famille utilisent le code du téléphone de sa mère qui, elle, n'est pas atteinte de la maladie.

Le saviez-vous ?

Il existe une autre forme d’adermatoglyphie, appelée syndrome de Naegeli-Franceschetti-Jadassohn, elle aussi due à une mutation génétique. Elle affecte le gène KRT14 codant pour la kératine 14, ce qui se traduit par une absence de dermatoglyphes (empreintes digitales), une hyperpigmentation cutanée réticulaire, une sécheresse de la peau avec intolérance à la chaleur, une dystrophie unguéale, des anomalies de l'émail dentaire, ainsi qu’une hyperkératose des paumes et des plantes de pied. Selon le site Orphanet, ce syndrome concerne environ un cas pour trois millions de personnes. Il n’existe aucun traitement.

Effacer ses empreintes digitales

Il est possible d'effacer soi-même ses empreintes digitales en se brûlant les doigts. On recense ainsi régulièrement des cas d'immigrés clandestins mutilés afin d'échapper aux contrôles d'identité. D'autres tentent de mettre de la colle ou du plastique fondu sur leurs doigts pour masquer leurs empreintes. Selon Nathanaël Caillaux, conseiller juridique au bureau local de France terre d'asile et cité par les Inrockuptibles, 80 % des demandeurs d'asile dans la région de Calais rendent leurs empreintes illisibles. Une « maladie » bien plus fréquente que la vraie adermatoglyphie.

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