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L’ADN pour estimer le visage d’un suspect

Des inspecteurs de police américains ont utilisé l’ADN pour estimer le visage d’un suspect et le soumettre à la reconnaissance faciale.

Pixabay

Récemment aux États-Unis, pour résoudre une affaire de meurtre complexe, un inspecteur de police s’est appuyé sur une technologie de prédiction faciale à partir d’ADN. En effet, pour avancer dans l’enquête, il aurait utilisé une image du suspect générée à partir de l’ADN de ce dernier dans un système de reconnaissance faciale. Cette approche, bien que novatrice, est considérée par certains comme « risquée » pour les droits des citoyens.

Le phénotypage ADN est une technique permettant de prédire l’apparence physique d’une personne uniquement à partir de son ADN. En 2012, Parabon NanoLabs, une entreprise pionnière dans l’analyse de l’ADN, a reçu une subvention du ministère américain de la Défense pour développer une technologie permettant de recréer les visages de suspects dans le cadre d’une enquête sur des fabricants d’engins explosifs.

Depuis, l’entreprise a beaucoup progressé en élaborant des modèles basés sur l’apprentissage automatique. Ces derniers ont été affinés à l’aide de milliers de volontaires dont le visage a été scanné et reproduit en 3D. Les algorithmes créés par leur système étaient amenés à « comprendre » la façon dont l’ADN influence l’apparence faciale.

Suite à cette avancée, Parabon NanoLabs a commencé à collaborer avec les forces de l’ordre dans le cadre de certaines enquêtes criminelles. Récemment, il a été révélé qu’un inspecteur de police a combiné cette technologie avec la reconnaissance faciale, une première dans le domaine, selon un rapport du média WiredWired. Bien que certains responsables des forces de l’ordre soutiennent cette méthode, elle est vivement contestée par certains experts, défenseurs des libertés civiles et par Parabon NanoLabs elle-même, en raison de préoccupations éthiques et de risques pour la vie privée.

Exemple d’image générée par le système de Parabon NanoLabs. © Parabon NanoLabs
Exemple d’image générée par le système de Parabon NanoLabs. © Parabon NanoLabs

Combiner phénotypage ADN et reconnaissance faciale ?

La combinaison des deux technologies — le phénotypage et la reconnaissance faciale — a été utilisée dans le cadre de l’enquête d’un meurtre non élucidé survenu en 1990. Des dizaines d’années après les faits, les inspecteurs de la police du district du parc régional d’East Bay se sont tournés vers Parabon NanoLabs. L’entreprise a été sollicitée pour créer un visage 3D du suspect à partir de son ADN. L’image a révélé un homme à la peau claire, aux yeux et cheveux bruns, sans taches de rousseur et aux sourcils broussailleux. En 2017, l’image avait été rendue publique.

En 2020, un inspecteur du même département a tenté une nouvelle approche. Il a demandé que l’image générée soit analysée par le système de reconnaissance faciale standard et a transmis cette requête au Northern California Regional Intelligence Center (NCRIC), un hub de collaboration entre les autorités fédérales et les services de police locaux. D’après le média Wired, cet épisode représente le premier cas connu où ces deux technologies ont été combinées dans le cadre d’une enquête criminelle.

Une démarche controversée

L’initiative de l’inspecteur du parc régional d’East Bay suscite des inquiétudes parmi les défenseurs des libertés civiles. Jennyfer Lynch, avocate d’une organisation de défense des droits civiques, a critiqué cette méthode lorsqu’elle a été interrogée par Wired. Elle a notamment avancé que cette approche « expose les gens au risque d’être suspectés d’un crime qu’ils n’ont pas commis ».

Cette préoccupation repose sur la crainte que les prédictions faciales basées sur l’ADN ne soient pas assez précises, entraînant ainsi un risque de fausses accusations. D’autres experts pointent du doigt un manque de surveillance adéquate de ces outils d’enquête.

Selon Wired, Parabon NanoLabs s’est également opposé à l’utilisation de la reconnaissance faciale sur les visages prédits par ses algorithmes. La société a mis en garde contre une telle pratique, la qualifiant de violation de ses conditions de service et de démarche « fortement déconseillée ». De leur côté, plusieurs responsables des forces de l’ordre, interrogés par Wired, expriment un intérêt pour cette approche. Ils considèrent que l’utilisation de la reconnaissance faciale sur les visages générés par algorithme pourrait constituer une méthode précieuse pour certaines enquêtes criminelles.

Source :https://trustmyscience.com